Le 14 mai dernier les
populations déplacées de suite des
glissements de terres dans la localité de Rambira en territoire de Kalehe en
groupement Mbinga Sud ; ont été réveillées aux environs de 4 heures du
matin par les crépitements d’armes automatiques. Sans trop savoir de quoi il
s’agissait, les hôtes du camp de Mweya Muhongoza se sont dispersés dans la
nature prenant la direction de Cishenyi/
Rambira vers Bushushu et d’autres vers Bulungu.
La quarantaine des
policiers venu de Kavumu et renforcée par les unités basées à Kalehe centre auraient
ouvert le feu sur les populations civiles, le bilan fait état de plusieurs
personnes blessées (la chefferie aurait identifiée 3 personnes dont un homme
qui a perdu la vue et deux femmes fracturées au bras, cependant une mission a
été envoyée dans les différents centres de santé pour établir un bilan exact),
plus de 300 cases incendiées et plusieurs biens de valeur pillés par les assaillants.
Environs 300 ménages pour une population estimée à 1500 personnes sont en
errance, certains d’entre eux auraient trouvés refuge dans les familles
d’accueils à Bushushu et à Kalehe centre (Cishenyi/ Rambira vers Bushushu et
Bulungu).
En réaction à cette
expulsion musclée, les sinistrés ont complètement pillés trois bâtiments
de la Pharmakina. Selon les dires du
chef de site de la Pharmakina dans cette plantation 300 chèvres et plus de 700
lapins auraient été emportés par les sinistrés.
Des promesses non tenues ?
Déjà le mercredi 11 mai,
les mêmes policiers étaient arrivés à Kalehe centre et se seraient entretenus
avec le chef de chefferie pendant plusieurs heures. Ce denier leur aurait
conseillé de ne pas se rendre dans le camp car il s’observait déjà une certaine
nervosité dans le chef des déplacés et des violents affrontements seraient
inévitables. Ayant constaté d’eux mêmes cette situation après un tour dans les
environs du camp, ils auraient demandé au Chef de chefferie de négocier avec les
déplacés en leur proposant un nouveau site.
Dans les tractations qui
ont eu lieu par la suite avec les autorités provinciales, une contraction est
vite apparue entre le Gouverneur de province en séjour à Kinshasa et son
ministre de l’intérieur. Pour le premier il n’y avait plus de négociation
possible à faire avec les déplacés et qu’ils devraient quitter le camp dans les
3 jours qui suivraient. Quant au second il aurait promis d’aller s’entretenir
avec les déplacés dans la matinée du samedi 14 mai. En cours de route il sera
surpris d’apprendre que les éléments de la Police lui auraient précédé sur les
lieux, il sera obligé de rebrousser chemin.
Toute la journée de ce
samedi 14 mai aucune autorité n’était joignable sur place à Kalehe, le Mwami
était à Bukavu où il réside quant l’administrateur du territoire adjoint[1],
il n’y travaille plus. On se rappellera que l’administrateur adjoint de Kalehe n’y
arrive plus que très rarement, cela, après avoir été accusé par les sinistrés
d’avoir détourné plus 7000 $ de dons destinés aux déplacés du camp de
Muhongoza.[2]
A la base, un conflit foncier opposant la Pharmakina à la
chefferie de Buhavu
L’action des policiers
du district du lac Tanganyika est à inscrire dans l’exécution d’un jugement qui
serait rendu dans le cadre de l’affaire opposant la société Pharmakina à la
chefferie de Buhavu autours de la concession qui aurait appartenu à monsieur
Emile Serdine, colon Belge. Ce dernier aurait bénéficié d’un contrat
d’emphytéose en 1934. A l’avènement de l’indépendance, la Pharmakina a pris
possession de cette concession qui au départ aurait été de 25 ha. A
l’expiration du contrat d’emphytéose en décembre 2014, la Pharmakina aurait non
seulement gardé cette portion de terre mais aurait également acquis une nouvelle
concession de 35 ha accolée à la première. Chose que la chefferie n’aurait pas
accepté et aurait saisi dans la foulée le tribunal de grande instance de
Kavumu. Le 23 décembre 2015 lors d’une descente de terrain organisée par
tribunal et ayant requis l’expertise de 4 géomètres, il s’avèrera que la
concession de Pharmakina était de 74 ha
et non plus de 60 incluant le camp des déplacés de Mweya Muhongoza. Le
26 février 2017, la cour avait tranché en faveur de la Pharmakina. C’est donc
en exécution de ce jugement pour lequel la
chefferie n’a pas interjeté appel que les policiers auraient agit.
Une zone fortement sinistré sans assistance humanitaire
adéquate
L’occupation de Mweya s’est faite de suite des fortes
pluies dans l’après midi du 25 octobre 2014 qui aurait tué une centaine de
personnes et d’autres portées disparues[3],
le vrai bilan n’a jamais été rendu public[4]. Selon des sources locales,
plus au moins 50 corps avaient été retrouvés dans les localités de Bushushu et Rambira.
A ce temps là, plus
de 350 maisons avaient été emportées par les eaux dont une église protestante
dans la quelle se trouvaient une centaine de choristes. L’école primaire EP.
Bugamanda de la même communauté avait été totalement détruite au moment où des
élèves étudiaient pour la vacation après-midi.
Plus de 1 500 sinistrés s’étaient ainsi retrouvés sans
abris. C’est dans ce contexte que le propriétaire de la plantation
Changuwe leur avait accordé temporairement l’hospitalité en acceptant que les
déplacés y érigent des tentes au moyen des bâches en plastique.
D’autres vagues des
déplacés seront enregistrées par la suite, respectivement le 29 octobre et 23
décembre 2015, conséquences de débordement des eaux de la rivière Lukungula
dans la localité de Bushushu.
Dans ce camp, aucune
organisation humaniataire n’y était présente bien que les sinistrés avaient bénéficié de quelques
aides de la part de certains acteurs de la société civile et du gouvernement
provincial. Depuis lors, aucune autre mesure n’avait été prise en vue de venir en
aide à ces 300 ménages.
Recommandations
Au regard de la situation
qui prévaut sur terrain :
-
Il serait important au niveau des différents cluster
d’envisager rapidement une mission inter agence afin d’évaluer les besoins des
sinistrés tant au niveau de l’abris que de la protection physique des occupants
de ce camp.
-
Une action de plaidoyer devrait être menée le plus vite
possible auprès de la chefferie et des services des titres immobiliers afin
d’identifier un autre site sur lequel les sinistrés pourraient être installés
et les mettre ainsi à l’abris des conflits qui opposent la chefferie de Buhavu
à la société Pharmakina
-
Des mesures plus concrètes devraient être prises en vue
de permettre aux élèves de poursuivre et achever l’année scolaire avec une
priorité maximale aux élèves finalistes du primaire et du secondaire.
[2] Courant 2015, les
sinistrés avaient organisés plusieurs jours de sit in au bureau de
l’administrateur de Kalehe pour réclamer
7000 $ leur offerts par les députés nationaux
[4] Jusqu’en ces jours aucune source fiable n’a pu présenter
le vrai bilan de ce sinistre. On peut trouver une illustration sur http://www.radiookapi.net/recherche?search_api_views_fulltext=bushushu+ (consulté le 16 mai
2016)